lundi 13 mai 2013

Concours de nouvelles en classe de 3e

Dans le cadre du cours de français, les collégiens de troisième se sont transformés en « écrivains en herbe » pour le concours :  Quelles nouvelles chez les 3èmes ?

Mme Marseillès et M. Reynier récompensent et félicitent Crystal et Victoire

L’objectif était de rédiger une nouvelle de deux pages au maximum, sur un thème et dans un genre au choix. Le jury, exclusivement féminin (Catherine Hue, Myriam Davain et Lila Raymond, à qui je dis un grand merci !) a récompensé deux écrits très différents : une nouvelle autobiographique, par Crystal MUHR et une nouvelle fantastique, par Victoire SANDOVAL.





C’est le vendredi 19 avril, au CDI, qu’ont été remis les prix par Monsieur Reynier, chef d'établissement. Les gagnantes ont lu leur nouvelle à l’ensemble des troisièmes, puis s'en est suivi petit moment convivial autour d’un verre.

Un grand bravo à Crystal et Victoire, mais aussi à tous les participants qui ont fourni un travail remarquable !

 
P. Marseillès,
professeur de français
 
A lire ci-dessous les 2 nouvelles sélectionnées

En 2006, j’avais huit ans et je suis partie avec mes parents au Kenya pour quinze jours. C’était la première fois que je partais si loin. Nous avions pris le TGV pour Paris puis le métro, le RER et pour terminer l’Orli-Val pour arriver enfin à l’aéroport. Je n’avais jamais pris l’avion. Durant l’attente, mon papa nous a montré l’avion dans lequel nous allions faire le voyage jusqu’à Nérobie, c’était un Boeing 747. Il y avait six heures de décalage avec la France. Le voyage a duré neuf heures puis navette jusqu’à l’hôtel.
Nous sous sommes installés dans deux chambres différentes : la première pour mes parents, la seconde pour ma sœur et moi. L’hôtel était très beau et convivial, avec une grande piscine dans laquelle il y avait des tabourets en pierre. Il faisait très chaud. Un matin, alors que j’étais avec ma sœur tranquillement en train de bronzer sur un transat, un petit singe m’a sauté dessus. D’après les employés de l’hôtel, ce singe s’appelait Lucie. Elle n’était pas sauvage et appartenait à une riche voisine de l’hôtel. Dès que nous quittions l’hôtel pour une excursion, Lucie nous suivait pour venir avec nous. Mais c’était impossible. Le soir à notre retour, elle nous attendait toujours devant le portail. Tous les jours, je jouais avec elle. Elle était devenue mon amie. Nous avons passé quinze jours ensemble : elle me volait mon soda, me sautait sur le dos, mangeait avec moi…A chaque endroit où j’allais, elle me suivait.

Elle était toute petite avec des mains de bébé. Elle n’avait que quatre doigts. Son pelage était clair et doux, le tour de sa tête était noir.

Nous sommes partis durant trois jours pour faire un safari dans le parc de Tsavo-Est. Lucie m’a beaucoup manqué même si ce périple m’a ravie. J’ai pu voir beaucoup d’animaux dans la savane tels que tigres, lions, lionnes, éléphants, antilopes, gazelles, girafes, zébus…

J’attendais impatiemment de rentrer à l’hôtel pour retrouver mon amie Lucie. Fidèle à ses habitudes, elle était devant le portail. Elle se nichait dans mes bras et me faisait des câlins.

J’arrivais à la fin de mes vacances, riches en émotions et découvertes, mais triste à l’idée de quitter Lucie. Un matin, je l’ai cherchée en vain… j’ai passé une triste journée. Le lendemain matin, elle m’attendait devant ma porte. Nous étions heureuses de nous retrouver, mais je la trouvais différente. Elle ne restait pas longtemps avec moi. Mes parents m’ont expliqué qu’elle pressentait peut-être mon départ et que c’était mieux pour moi. Le jour suivant, c’était l’avant-veille du départ et Lucie n’est pas venue me voir. Je l’ai enfin revue, mais tenue en laisse par sa maîtresse. Elle avait un regard apeuré. La propriétaire de Lucie nous a expliqué qu’elle était elle-aussi en vacances et que Lucie s’était évadée pour venir à mon hôtel. L’heure du départ arrivant, je me suis approchée d’elle pour lui faire mes adieux et un câlin, elle s’est retournée brusquement et m’a mordu le bras.

Je ne sais pas pourquoi elle a fait cela. Peut-être parce qu’elle était en laisse et qu’elle ne voulait pas que je parte. J’ai vraiment eu très mal, mais n’ai pas été rapatriée car nous rentrions en France.

Cela a été très grave car à mon retour, j’ai dû me rendre chaque jour à l’Institut Pasteur de Lyon, en taxi, afin de faire des vaccins contre différentes maladies graves. Et durant six semaines.

Je n’ai jamais revu Lucie mais j’y pense souvent dans mon cœur, et en regardant mon bras.

CRYSTAL MUHR

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Une silhouette se leva lentement sur le pic d’une église. Ses yeux se levèrent vers le ciel sombre dans lequel elle venait de voler. Ses ailes transparentes aux yeux du monde se croisèrent dans son dos en étincelant. Je l’ai vue, car moi, j’étais là. J’étais assis sur le toit de cette église pour oublier cette journée pareille aux autres. Et devant moi, se dressait une femme. Je devinai ses ailes grâce aux lumières qui venaient d’en jaillir. Ses cheveux étaient courts, formant un carré sur ses épaules, ses jambes étaient longues et fines. Elle n’avait sur elle qu’un tissu de soie partant de ses épaules, recouvrant son buste et tombant à ses cuisses. Elle dut sentir ma présence quand ses yeux verts luisants se posèrent fixement sur moi. Son regard s’immobilisa, ainsi que tout son corps. Je voulus la regarder infiniment comme cela, mais comme si elle l’avait deviné, elle plissa brusquement les yeux puis bondit en arrière. Interloqué, je courus au bord du toit, et rien. Elle avait disparu.


Le tintement du réveil me fit sauter hors de mon lit. Je regardai autour de moi à toute vitesse. Oui, j’étais bien dans ma chambre. Je m’assis sur mon lit, mis ma tête dans les mains et fermai les yeux très fort, comme si je voulais me rendormir. Après m’être préparé, je pris mon sac et sortis de l’immeuble. Le ciel était gris. Tout était gris dans cette ville. Je marchai jusqu’au lycée tout en passant comme à mon habitude devant cette église abandonnée. Je ne suis pas fou. J’étais bien sur le toit hier soir et je me suis réveillé dans mon lit. Je restai un moment sans bouger, à réfléchir, repassant dans ma tête toutes mes actions de l’église à ma chambre. Pourtant un vide persistait entre ces deux passages. Je commençais à me poser des questions sur moi-même… La journée fut comme à son habitude, anonyme. Toujours les mêmes personnes, toujours le même air. Toujours le même chemin.


Je retournai sur le toit de l’église et attendis la même heure où je l’avais vue la veille : 00h02. Personne. Rien. J’attendis encore un moment, et toujours rien. Je me levai et fis volte-face, elle se tenait devant moi. Ses yeux dans les miens. La commissure de ses lèvres se plia, elle leva sa main droite et la posa sur mon torse. D’un coup, je sentis un vide, un vide profond, comment un vide peut-il être profond ? Pourtant, je le sentais… Ses yeux se plissèrent et je pris peur. Tout à coup, la merveille qui se tenait devant moi m’effrayait. Pourquoi ? Elle approcha son visage de moi . A l’effleurement de ses lèvres je fus saisi d’une pression très forte, je fis un bond en arrière, dévalai les escaliers et courus, courus jusqu’au parc… je pensais qu’elle savait où j’habitais, je cherchais à me cacher de ses yeux perçants. Mais pourquoi avais-je si peur ? Je l’ignorais, j’avais juste peur. D’un coup, je fus soulevé du sol, j’hurlais, me débattais, elle m’emmena haut dans le ciel, à des centaines de mètres puis me lâcha.


Au moment où je pensais m’écraser au sol, j’étais juste au pied de mon lit. Transpirant, haletant, transi par la peur. Je restai un moment recroquevillé sur moi-même, tremblant. Je n’osais pas ouvrir les yeux de peur de la revoir. Quelques minutes après, je m’étendis sur le sol de ma chambre et ouvris enfin les yeux. Je fixai le plafond quelques instants, que m’arrive t’il ? Je ne voulais pas retourner en cours mais je voulais affronter cette peur. Cette chose, cette force meurtrière. Il était 15h23 quand je sortis de chez moi. Dans mon sac n’y avait plus de cahiers, seulement une arme. Le pistolet de mon défunt père. Je courus à l’église abandonnée, gravis les escaliers jusqu’au toit. Elle était là.


- Tu savais que je reviendrais…


Elle sembla acquiescer. Je bondis sur elle, la poussant au sol. Elle ne se débattait pas, me regardait juste. Je sortis l’arme de mon sac. Pourquoi allai-je tirer sur elle ? Pourquoi allai-je tirer sur un rêve transformé en cauchemar ? Tout venait sûrement de mon imagination. Mais la peur était là, elle me poussait à le faire. Je pointai l’arme sur sa poitrine, d’un coup, elle saisit mon poignet de sa main, me serrant si fort que je dus lâcher l’arme. Elle sourit.


- Qu’est-ce que tu veux ? Qu’est-ce que tu attends de moi ?


Son sourire disparut. Ses yeux se raidirent encore plus, puis se fermèrent lentement…Elle disparut, là, sous mon poids elle disparut. Plus rien, plus une présence donc plus de peur. La pression que je ressentais depuis la veille s’évapora… Interloqué, je me levai, j’avais l’impression que mes émotions me quittaient. Les larmes coulèrent. Après celles-ci, je ne sentais même plus mon corps. Je marchai comme un fantôme jusqu’à chez moi, la tête basse, dénué de tout sens. Je me postai devant le miroir de ma chambre. Je ne voyais que mon reflet. Je fermai les yeux un instant, quand je les rouvris, de la buée avait envahi mon reflet. Je me penchai sur le miroir, derrière la buée, elle était là, à ma place, c’était elle qui était penchée. Avec fureur, je me retournai, mais elle n’était pas là, et plus dans le miroir non plus. Mon reflet était de retour…


C’en était trop. Je pris l’arme posée sur mon lit. D’ailleurs, que faisait-elle là ? Je l’avais à la main, une autre main se posa sur mon épaule. Je me retournai avec lenteur, elle était là. Cela n’avait aucun sens, mais elle était là. Ses yeux dans les miens. Un regard sain, comme si tout allait prendre fin et qu’elle en serait heureuse… Je braquai rapidement l’arme sur elle, mais elle était déjà derrière moi. Je luttai contre elle durant quelques minutes, quelques minutes qui semblèrent durer des heures. Elle essayait de m’immobiliser. Je vis l’arme par terre, c’était ma seule chance contre sa force surhumaine. Je fis mine de me calmer, ses bras se détendirent un peu. A cet instant, je me jetai au sol, pris l’arme et tirai. Cette fois, je ne l’avais pas ratée. Elle fit la moue.


- Tu as vite cédé…


Elle s’effondra. Ma tête se mit à tourner, mes yeux se fermèrent sans que je puisse les contrôler. Un choc se fit sentir dans ma poitrine, puis plus rien. C’était noir, sans rien autour, sans bruit, vide…


Mes yeux s’entrouvrirent, c’était blanc. Après quelques instants, je distinguai le plafond, puis une fenêtre minuscule. J’essayai de bouger mon bras, mais il ne bougeait pas. Il était bloqué. Tout mon corps était bloqué. Des sangles retenaient mes bras, mes jambes, mon torse et ma tête. Je J’étais sur un lit d’hôpital. Une infirmière entra et me fit une piqure, puis me fixa. Elle laissa, avant de partir, un papier sur la table près de moi.


On pouvait y lire : « tentative de suicide, raisons inconnues, considéré comme dangereux ».



VICTOIRE SANDOVAL

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