Emmanuelle et Manon, vainqueurs du concours La section collège a organisé son premier concours de nouvelles pour les 3èmes, dans le cadre des cours de français. Les participants devaient rédiger une nouvelle à chute, dans le genre de leur choix. Chaque auteur en herbe a présenté une nouvelle originale et inédite de deux pages au maximum.
Face à la qualité des textes que nous avons lus, nous avons décidé de récompenser non pas une, mais deux nouvelles.
Le premier prix a été attribué à Manon BANNWARTH, en 3ème B, et le deuxième prix à Emmanuelle RINAUDO, en 3ème A.
Les deux jeunes filles se sont vues remettre, par leur professeur, un chèque cadeau de trente euros, à utiliser dans l’enseigne de leur choix.
Une lecture de leur texte a ensuite été faite à l’ensemble des élèves.
Encore un grand bravo à Manon et Emmanuelle, ainsi qu’à l’ensemble des 3èmes pour leur travail et leur investissement.
La nouvelle de Manon
Cris, Peur, Hurlements de folie, crise de Claustrophobie, angoisse, Oui… J’ai peur.
Cela fait déjà un mois que je suis enfermée ici, chez cet Homme, je le connais ? Je crois… Je suis enfermée, deviendrais-je folle ? Cela me tracasse, quand vais-je pouvoir sortir de cet enfer ? Il vient me voir. Parfois, pas tout le temps enfin rarement.
Mais cet homme vêtu de vieux tissus sales, de chaussures trouées me terrifie. Il porte à son goût ces vêtements. Je ne sais pas comment il fait pour rester là, devant moi à me regarder souffrir.
Cela me tracasse de ne pas voir ce visage qui m’est inconnu, pourtant je reconnais son odeur, sa corpulence d’homme fort.
A travers les trous de la pièce où je me trouve, j’aperçois une maison, de campagne je crois, c’est difficile à percevoir de l’endroit où je me trouve.
Je connais cet endroit, je suis sûre d’être venue ici auparavant, je ne me souviens plus de rien sauf d’être enfermée ici. Il vient me voir pour m’apporter du pain dur et de l’eau, je suis malade, je suis fatiguée, je dors sur de la paille, me réveille, passe ma journée à ne rien faire.
Il y a de la poussière que je respire tout au long de la journée, cela sent mauvais. La vue est immonde, le sol est rêche et terne. Je suis sale, envahie par la poussière, la saleté et les bestioles qui cohabitent avec moi. Elles sont petites et piquantes, je passe mes journées à les écraser. Aujourd’hui cet homme dont je ne connais toujours pas l’identité m’a fait sortir de mon cabanon, bien sûr la propriété est entourée de fil électrique…
La lumière du jour m’aveugle presque, je suis à l’écart du monde. Cette chaleur est invivable, je pense avoir changé de pays. Quelques jours plus tard toujours dans mon cabanon, dans l’après midi, je me sens fatiguée, m’endors. Il vient me voir et me dit « tu vas bientôt sortir… ».
Quand j’y pense, je vais sortir je ne sais pas où je suis, comment retourner chez moi, je suis finie… Il m’ouvre l’arrière du cabanon et je vois un pré, boueux, plein de cailloux. Je cours le plus vite possible pour m’évader, mais la maison est entourée de fils barbelés.
A force de gambader mes jambes fatiguent, je commence ma croissance et je sais, tout comme mes frères, que mon travail de poulain commence à peine !
La nouvelle d’Emmanuelle
J’étais en train de me préparer dans ma chambre d’internat, ça sentait le mélange lourd de nos parfums. D’ailleurs cela me prenait un peu la tête. C’était la cohue entre nous toutes, celles paniquées à la recherche de leur mascara, les autres à quatre pattes sous le lit, telles des archéologues modernes en quête de la chaussure perdue. Et moi, furieuse à cause d’un coup de coude qui avait fait dériver mon crayon pour les yeux. Décidemment cette fête d’halloween organisée par le collège nous faisait tous déchanter. Soudain je fus tirée en arrière par mon amie Sandra qui me sauva de ce vacarme. Nous sommes sorties par l’escalier de secours du bâtiment d4 bis, pour nous rendre en catimini au pied de la statue, au centre de la cour, où nous avions rendez-vous avec Marco et Thimmy. Le froid me donna la chair de poule, de la vapeur sortait de la bouche de Sandra qui serrait contre elle le livre dont nous allions nous servir ce soir. Nous somme arrivées au pied de la statue où les garçons nous attendaient déjà.
Marco nous dit de loin :
- alors, prêtes pour cette séance de vaudou ?! Parce que tout est prêt. J’ai pris les piques au self, et Thimmy a fabriqué la poupée.
- Ouais t’as quand même pas cru qu’on allait se dégonfler ? Répliquais-je
Thimmy, pendant ce temps là, avait déjà fait pivoter le panneau de l’entrée secrète que nous avions découverte quelques semaines auparavant sous le socle de la statue. C’était un tunnel sombre et moisi qui débouchait sur une salle carrée, située sous la chapelle où se déroulait la fête. La musique jouée par le DJ nous parvenait très distinctement.
Thimmy dit :
- mais qu’est-ce qu’on entend là ? C’est du Francky Vincent, mais il a cru qu’on était en quelle année, sérieux !
Je finissais d’allumer les bougies quand Sandra nous dit que d’après le livre de sa grand-mère, la première étape du vaudou était de choisir une « victime ». Marco proposa spontanément la candidature du DJ. Nous sommes tous partis dans un éclat de rire, la victime était désignée. Sandra alluma de l’encens de bois de santal et prépara la formule. Tout commença. Thimmy scotcha un morceau du flyer de la soirée sur la poupée et chacun, muni d’une aiguille précédemment chauffée à blanc au dessus d’une bougie, avons transpercé de part en part la poupée de chiffon. Les aiguilles chaudes dégageaient une légère odeur de brulé, tout s’enfonça comme dans du beurre. L’ambiance été devenue solennelle, chacun absorbé par ses tâches, nous n’étions plus sûrs de contrôler nos mouvements et tout le rituel. Je saupoudrai la poupée transpercée de mille aiguilles avec les cendres de l’encens et Marco versa la cire sur les cendres pendant que Sandra, d’une voix qu’on ne lui connaissait pas, récita la formule finale dont le dernier mot nous fit frissonner. Un cri retentit et toutes les bougies s’éteignirent sous le souffle d’un vent qui venait de nulle part. Laissant tout en plan, nous nous sommes précipités en dehors du tunnel, courant droit vers la chapelle, le sang battant aux oreilles et les mains moites de frayeur. Mes amis entrèrent dans la chapelle et s’immobilisèrent devant moi, je n’osai lever les yeux, ce qui les pétrifiait. Quelqu’un arrivant derrière moi me bouscula, et je vis tel un ange au dessus de ses platines, le DJ plaqué au mur. La frayeur glaça tout mon être. Serait-il possible que ce soit de notre faute ?... Pascale Marseilles, professeur de français